La technique traditionnelle :
Calligraphié sur parchemin, peaux de mouton, chèvre ou veau à la longue préparation (pour un manuscrit de 300 feuillets, 80 moutons étaient nécessaires), magnifié par le décor des enluminures et des lettrines, souvent dorées à l’or fin, le texte se pare de couleurs codifiées, tirées de minéraux, de terres, d’animaux ou de végétaux.
Le parchemin, support privilégié dans la copie des manuscrits, (du grec pergamênê, peau de Pergame) aurait été inventé par le roi éponyme au IIe s avant JC pour remplacer le papyrus. La peau est traitée dans un bain de chaux puis raclée, tendue, séchée et blanchie jusqu’à être fine et lisse sur les deux faces, côté fleur et côté chair à la structure différente. Plié pour obtenir les pages du manuscrit, découpé, assemblé dans le respect de deux feuilles de même côté chair ou fleur en vis-à-vis, les scribes (pendant de longs siècles, des moines copistes dans le scriptorium de leur monastère), procèdent à la réglure du parchemin pour tracer des lignes souvent en piqure.
L’écriture du manuscrit est très codifiée : rubriques (du latin ruber, rouge), initiales ornées pour le début du texte (qui laissera la lettrine encore visible dans nos journaux imprimés), autres lettrines pour les sous-divisions du texte, bouts-de-lignes pour combler les blancs en fin de ligne.
Différents outils se sont succédé au cours des siècles dans la main des scribes : calame ou roseau taillé, plume d’oie, de dinde, de cygne, taillés au couteau du scribe dont les enluminures nous donnent de nombreuses illustrations quand ils se sont eux-mêmes parfois représentés dans leur ouvrage.
Dans le scriptorium, puis dans les ateliers profanes qui développent le métier des livres d’heures, l’enlumineur vient après que le calligraphe a fini son travail d’écriture. De longs délais sont à respecter : préparation des mixtures et du support, pose des produits, temps de séchage, peinture des aplats, ombrage des dessins, précision des traits, finesse du cernage, donnent à son travail lent et minutieux un temps horloge bien différent de celui d’aujourd’hui.
Après un dessin à la mine de plomb, il commence par un support de gomme ammoniaque ou pour un or bombé, une mixture nommée assiette dont les différents secrets de fabrication assurent l’adhérence de la feuille d’or obtenue auprès des batteurs d’or, plus épaisse que celle que l’on connaît aujourd’hui. Une fois le temps de séchage accompli, il peut poser la feuille d’or, d’argent, parfois d’autres métaux. L’or bien collé sera ensuite bruni (frotté avec une dent de chien, une agate) pour qu’il brille et magnifie le texte des ouvrages destinés à la liturgie et ensuite aux livres d’Heures des grands et grandes de ce monde chrétien.
Puis il peint les couleurs avec des pigments végétal, animal ou minéral, mélangés à un liant, mélange de gomme végétale, colle animale, miel, blanc d’œuf, selon des recettes dont chaque enlumineur ou atelier gardera son secret de fabrication. Puis viennent les aplats, les ombres, les lumières, les dégradés, les visages, les animaux, les arbres, les monuments, les ciels en dégradés, les eaux, les fleurs,... L'enlumineur travaille en ombres et en lumières. A la fin de son œuvre, il cerne les contours en noir de fumée ou de vigne, puis il illumine son image avec des rehauts de blanc de plomb, d’où le nom d’illumination ou enluminure.
Mais la vie d’un enlumineur n’est pas solitaire : la vie d’un atelier répartit les différentes tâches : préparation du parchemin, des détrempes et assiette, broyage des pigments, préparation des encres, occupent les apprentis de longues heures, alors que le maître peint.
Elle est moins solitaire que celle d’un enlumineur d’aujourd’hui qui assure toutes ces tâches lui-même. Mais de nos jours, l’enluminure peut acheter une part des matériaux tout préparés : parchemin tanné, pigments en poudre, on préfère toutefois encore trouver des recettes pour préparer sa détrempe, son assiette, parfois aussi ses propres pigments, non seulement par souci d’économie, les matériaux prêts sont chers, mais aussi et surtout pour l’amour de l’enluminure, pour le respect des règles ancestrales ou pour l’alchimie un peu magique qui se dégage lorsqu’on broie, cuit, sèche et mélange sa propre mixture à partir de végétaux ou minéraux.
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